Selon où vous étiez en Bretagne ce week-end, vous avez pu avoir une impression très différente du temps qu’il a fait. Et pour cause, à quelques dizaines de kilomètres près le temps pouvait être radicalement différent. Comment l’expliquer ?
Un contraste entre les matinées et les après-midis
En dehors des grisailles matinales, vous avez profité globalement d’un ensoleillement généreux le matin. Dans l’après-midi, les nuages se sont multipliés jusqu’à donner des averses, et parfois des orages qui ont pu se montrer très pluvieux localement. Sur ces trois jours, on a relevé par exemple 42.7mm à Rennes Gallets contre 23.1mm à la station météo de l’aéroport de Rennes. Ces deux stations sont pourtant distantes d’une petite dizaine de kilomètres. Cela montre bien le caractère très localisé des fortes intensités pluvieuses.
Penchons-nous plus en détail sur le contexte atmosphérique qui nous a concerné durant ce week-end de Pentecôte. Nous étions dans une situation de marais barométrique (faible gradient de pression, pressions comprises entre 1010hPa et 1020hPa). En altitude, nous avions de l’air froid avec des températures comprises entre -20°C et -22°C à environ 5000 mètres d’altitude. Le matin, la différence de température entre le sol et la haute troposphère (couche de l’atmosphère où se déroulent les phénomènes météorologiques) est restée suffisamment faible pour empêcher un développement trop important des nuages. Mais au fur et à mesure de la journée, le soleil a réchauffé les basses couches de l’atmosphère, le tout aidé par une masse d’air relativement douce près du sol. La différence de température entre le sol et la haute troposphère qui s’est accrue a favorisé alors l'enclenchement de la convection. Plus précisément, les parcelles d’air doux présentes au sol étaient plus légères que les parcelles d’air froid en altitude. Cet air plus doux s’est donc élevé de plus en plus intensément, ce qui s’est matérialisé par ces cumulus gonflant de plus en plus haut, jusqu’à parfois évoluer en cumulonimbus avec des sommets nuageux dépassant les dix kilomètres d’altitude. C’est ces nuages-là qui ont produit des orages en cours d’après-midi et en début de soirée. Les gros cumuls de précipitation qu’ils ont pu donner localement s'expliquent par leur caractère très peu mobile. En effet, en situation de marais barométrique, du fait du faible gradient de pression, le vent est faible. Les cellules orageuses se déplacent ainsi très lentement et peuvent déverser une grande quantité d’eau sur une même localité.
Un contraste entre les littoraux du nord l’intérieur et littoraux du sud
Néanmoins, sur les côtes de la Manche vous avez pu bénéficier de conditions bien plus clémentes y compris en après-midi. Ainsi à Dinard, sur ces trois jours, vous avez profité d’un ensoleillement de 30.2h contre 18h à Rennes.
Cette différence s’explique par la direction du vent. Celui-ci venait de la Manche qui est encore fraîche à cette saison. Cela a eu pour effet de limiter l’augmentation des températures en bord de Manche l’après-midi. Ainsi on a relevé des températures inférieures à 20°C sur ces secteurs alors que ce seuil a été fréquemment franchi dans les terres. La différence de température était donc plus faible entre le sol et la haute troposphère, ce qui a induit une plus faible convection sur ces secteurs. C’est dans l’intérieur breton que cette convection s’est véritablement opérée. Elle a été d’ailleurs favorisée par des vents convergents, c'est-à-dire des vents opposés qui se sont rencontrés, ce qui a amplifié l’élévation des parcelles d’air doux présentes au sol conduisant à la formation d’averses orageuses. Ces orages ont eu tendance ensuite à lentement se déplacer vers le littoral sud à la faveur d’un vent venant des terres s’imposant jusque sur ces secteurs.
