Les pluies continues et soutenues de novembre et de décembre laissaient envisager la fin de la sécheresse en Bretagne. Malheureusement, il ne pleut plus depuis mi-janvier et le constat à évolué défavorablement.

Un deuxième hiver sec consécutif

L'hiver 2021/2022 avait été déficitaire en précipitations sur la Bretagne à cause de la persistance de conditions anticycloniques. Nous sommes dans une configuration assez identique pour l'hiver 2022/2023. Les mois de novembre et de décembre avaient été très encourageants après une très longue période de temps sec qui remontait à l'été 2021. 

Pourtant, à l'échelle régionale, les disparités sur la répartition des pluies sont importantes. Le mois de décembre a été particulier car le flux de sud-ouest a concentré les précipitations surtout sur le Finistère, le Morbihan et le sud des Côtes-d'Armor où des excédents pluviométriques ont été observés. Le relief du Massif Armoricain a atténué de façon significative l'intensité de ces précipitations sur le nord des Côtes-d'Armor, l'Ille-et-Vilaine et la Loire-Atlantique. Ces conditions océaniques ont perduré jusqu'au milieu du mois de janvier avec parfois des séquences très généreuses en pluie ( 18 décembre 2022, 22 décembre 2022, 30 décembre 2022, 15 janvier 2023). Le mois de février vient jeter le trouble après ce début d'hiver encourageant. Depuis le 20 janvier, les conditions anticycloniques se sont positionnées sur l'Europe de l'ouest. L'installation durable de cette zone de hautes pressions a annihilé l'arrivée des perturbations océaniques qui sont la coutume de notre climat en cette période de l'année. L'absence de pluie depuis un mois sonne comme un facteur inquiétant à l'approche des beaux jours. En février, il n'est tombé quasiment aucune précipitation en Bretagne. On mesure 0 mm à Saint-Brieuc, 1 mm à Rennes, 3 mm à Dinard, 5 mm à Nantes et Lorient, 7 mm à Quimper & 11 mm à Brest et Lannion (cumuls arrêtés au 23 février 2023).

Pluies mensuelles relevées à Rennes - relevés arrêtés au 21 février 2023

Pourquoi cette sécheresse hivernale inquiète ?

La sécheresse hivernale inquiète car elle s'inscrit dans un contexte beaucoup plus large. Les précipitations de novembre et décembre ont soulagé les sols après un été caniculaire et une crise de l'eau consécutive à l'absence de précipitations depuis août 2021. Lorsque l'on observe les chiffres d'un peu plus près, on constate que les précipitations restent insuffisantes. Il y a un décalage important entre les précipitations qui tombent du ciel et l'hygrométrie des sols. Les sols s'assèchent dans à la suite d'une sécheresse météorologique (absence durable de pluie). Ce premier stade va engendrer plusieurs semaines après, une sécheresse agricole (humidité des sol est devenue insuffisante). Dans un troisième temps à long terme, on parlera de sécheresse hydrologique. Pour arriver à ce stade, il faut que les cours d'eau soient à des niveaux très bas. Si ces trois stades sont atteints et s'accentuent, on parlera de crise de l'eau.

A ce stade, c'est donc la sécheresse météorologique qui nous inquiète. L'absence de pluie est durable et généralisée à toute la France. En effet, elle s'illustre au coeur de l'hiver. Cette période est la plus favorable aux pluies efficaces qui alimentent les cours d'eau, les végétaux, les réserves en eau et surtout les sols. Théoriquement, la période février/mars est celle où les sols sont les plus humides de l'année après l'hiver. L'absence de pluie fait donc peser des tensions importantes sur la suite à plusieurs égards. Tout d'abord, parce qu'il pleut naturellement moins à partir du printemps et pour l'été. Les précipitations sont également différentes avec des intensités soutenues qui ruissellent au printemps et en été. Les pluies sont donc moins efficaces et moins propices à s'infiltrer dans les sols. Avec l'augmentation des températures, la végétation transpire et les précipitations qui tombent du ciel vont donc servir avant tout à alimenter la flore. 

L'inquiétude vient également de la météorologie. En effet, les effets de la sécheresse hivernale ne sont souvent pas perceptibles. Avec l'arrivée des beaux jours et l'augmentation des températures, la végétation ne va pas pouvoir puiser de l'eau dans les sols. Un stress hydrique va donc apparaître de façon précoce. L'anticyclone de printemps apporte également souvent un vent de nord-est qui accentue l'impact d'un assèchement. 

La sécheresse remonte donc à août 2021 !

La situation a commencé à se dégrader durant l'été 2021. Elle a perduré dans le temps et c'est ce qui caractérise cette sécheresse. Dans les chiffres, sur les 20 derniers mois à Rennes, seulement cinq ont affiché un excédent pluviométrique. Tous les autres mois ont été déficitaires. Et les déficits pluviométriques ne concernent pas que les mois d'été. 

Pour conclure, la sécheresse hivernale 2022/2023 s'inscrit dans un cadre beaucoup plus large d'une absence récurrente de pluie depuis août 2021. Elle inquiète beaucoup car l'hiver touche à sa fin et les perspectives ne sont pas très encourageantes ( augmentation des températures, mois plus secs, ... ). Il faudra un printemps très humide pour contrer la tendance actuelle. Souhaitons-le !