Les grandes marées d’équinoxe débutent ce week-end. L’occasion de rappeler quelques fondamentaux et de préciser quelles sont les conditions météo attendues. Si les marées n’ont pas ou très peu d’influence sur le temps, la météo est décisive sur les conditions marines.
Quelques rappels sur les marées
Le phénomène des marées est dû à des facteurs astronomiques qui répondent à la loi universelle de la gravitation : les masses liquides des mers et des océans sont attirées par les objets célestes les plus influents : la Terre, la Lune et le Soleil. Lorsque la lune et le soleil sont alignés leurs forces s’additionnent et tirent l’eau dans une même direction (ce sont les marées de vives eaux). Lorsque cette influence est maximale on parle de grandes marées (coefficients >100).
Bien que la lune soit un astre moins imposant que le soleil, sa proximité de la terre (384400 kms au lieu de 150 millions de kms) lui confère une influence prépondérante dans les phénomènes de marée (effet environ 2,5 fois supérieur à celui du soleil).
Peu sensibles en Méditerranée qui est une mer quasi fermée (environ 40 cm de marnage), les variations régulières du niveau de la mer sont plus importantes sur la façade Atlantique et en Manche où elles peuvent dépasser les 10 mètres (jusqu'à 14 mètres en baie du Mont-Saint-Michel).
Les grandes marées qui débuteront véritablement samedi culmineront dimanche et lundi avec des coefficients de 115-116. Cela signifie que l’amplitude des hauteurs d’eau (marnage) sera très importante ce week-end et en début de semaine. Autrement dit, la mer se retirera loin (idéal pour pêcher) et montera haut (spectacle qui attire observateurs et photographes).
Quelles seront les impacts des conditions météorologiques sur l’état de la mer pour observer ces grandes marées ?
Une météo agitée
Ce week-end, la pression atmosphérique sera basse sur la Bretagne et les Côtes de la Manche. Elle aura des répercussions sur les hauteurs d’eau théoriques prévues. En effet, lorsque la pression est inférieure d’1 hectoPascal à la moyenne (le niveau de pression standard : 1013 hPa) le niveau d’eau est plus important d’1 cm. Ainsi, en Bretagne et en Manche ce week-end, avec une pression proche de 1000 hPa, le niveau marin sera réhaussé de 15 cm par rapport à celui qui est annoncé. On parlera de surcote.
Par ailleurs, lorsque les conditions sont dépressionnaires au large (vent), la mer s’agite et les vagues qui en résultent se diffusent sous forme d’ondes qui arrivent sur les littoraux avec plus ou moins d’énergie. C’est ce qu’on appelle la houle. Trois facteurs sont à responsables de la vague : la force du vent, la durée de son action et la distance (ou fetch) le long de laquelle le vent peut exercer son action sur l’eau.
Ce week-end, en raison de conditions dépressionnaires sur l’Atlantique, la houle générée rendra la mer agitée à forte en Atlantique et en Manche.
Le vent observé localement (mer du vent) peut lui aussi être un complément dans la composante de l’état de la mer. Avec des rafales de sud-ouest à ouest modérées à assez fortes ce week-end, l’état de la mer s’en trouvera dégradé.
La houle, venant du large, combinée aux rafales de vent rendront cette marée d’équinoxe 2019 agitées potentiellement dangereuses. Des submersions auront lieu.
Les conditions s’annoncent agitées vendredi soir avec un coefficient qui ne sera que de 96. Une dégradation interviendra dimanche avec un coefficient maximal de 115. Le début de semaine prochaine promet également d’être tourmentée en liaison avec des dépressions et des perturbations britanniques. Au plus fort, les vagues atteindront 2 à 5m des côtes vers les zones au large.
En résumé, même si les conditions ne seront pas dantesques elles seront agitées, notamment entre les Côtes de la Manche à la Vendée où il faudra se montrer prudent…
Sébastien DECAUX
