A la sortie des Accords de Paris sur le climat en 2015, 196 Parties lors de la COP21 s'engageaient à limiter la hausse de la température à +1,5°C ( par rapport au niveau préindustriels avec un objectif primordial de limite la température mondiale à moins de +2°C) pour 2100. Seulement huit ans après, le gouvernement lance une consultation sur le réchauffement climatique avec un scénario à +4°C d'ici 2100. Quelle est la réalité de cet échec et quelles sont les conséquences d'un climat à +4°C d'ici 2100 en France ?

Des observations qui traduisent une réalité

Les huit dernières années dans le monde ont tout simplement été les plus chaudes enregistrées. L'augmentation des GES (gaz à effet de serre) et la chaleur qui s'accumule est à l'origine d'une température qui affiche +1,15°C par rapport à la période préindustrielle en 2022. Selon l'OMM, il y a 48% de chance que la température moyenne à la surface du globe atteignent +1,5°C dans les trois ans à venir ( objectif des Accords de Paris).

Un scénario "réaliste"

En février dernier, le gouvernement a installé un Comité de pilotage ministériel chargé de dessiner le troisième plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC3). Ce plan a été qualifié de "pessimiste" par le Ministère de Transition écologique. L'objectif de ce plan est selon Christophe Béchu, le ministre de la Transition Ecologique de "construire un modèle de résilience de notre société au plus près des réalités du terrain et d'éviter la mal-adaptation". Il faut savoir que le précédent plan de ce type avait été réalisé en 2011 puis révisé en 2018 en se fondant sur une température mondiale moyenne de +2,0°C d'ici 2100, ce qui correspond à une augmentation en France métropolitaine d'environ +3,0°C à la fin du siècle. Car en effet, avec tous ces chiffres, on s'y perdrait presque. Aujourd'hui en 2023, l'augmentation de la température en France est de +1,7°C depuis l'ère pré-industrielle. Le scénario +4,0°C d'ici 2100 en France correspond par inertie à une augmentation de +3,0°C de la température moyenne à la surface du globe. C'est pour cette raison que les climatologues et la communauté scientifique déjugent l'analyse du Ministère de la Transition Ecologique. Christophe Cassou estime que ce scénario est réaliste.

L'été 2022 serait froid en 2100, des paysages transformés 

Les saisons vont changer notablement et la plus éprouvante sera l'été. Les climatologues envisagent pour la fin du siècle des pics de chaleur à plus de 50°C en France. Le climatologue Christophe Cassou dresse un tableau sombre des étés attendus pour cette période. Les étés de référence en France sont 2003 (+4,6°C/ère pre-industrielle) et 2022 (+4,1°C/ère pré-industrielle). En 2100, nous devrions connaître des étés marquants à +7 ou +8°C ! La probabilité de connaître un été comme celui que nous avons connu en 2022 est d'une chance sur 4. L'été que nous avons connu l'an passé sera donc considéré comme un été froid. Les nuits tropicales seront au nombre de 90 en moyenne en France.

Si nous arrivons à +4°C en France d'ici 2100, il n'existera plus de glaciers. On estime que les dégâts à couvrir par les assurances vont augmenter de 30% d'ici 2050 selon Swiss Re. 

Les problématiques liées à l'eau s'annonce avec des crises de l'eau régulières qui s'étendent du printemps à l'automne sur toute la France. L'assèchement des sols serait très marqué avec des débits de cours d'eau très amoindris et peu de réserves en eaux douces.

Depuis quelques années, on observe une prise de conscience sur les questions du climat et un intérêt croissant de la population pour le bien-être de la préservation de l'environnement. La réalité du changement climatique est très en avance sur les politiques d'atténuation. L'Homme cherche systématique à s'adapter grâce à la technologie notamment. Pourtant, les scientifiques alertent. Les changements seront radicaux dans nos paysages, notre agriculture, notre industrie, nos modes de vie avec des pertes irréversibles pour le vivant. 

La France ne sera isolée dans cette crise mondiale. Car en effet, ces changements brutaux devraient provoquer des insécurités alimentaires jusqu'en France. Mais la France n'est pas seule dans la lutte contre le changement climatique. D'autres pays vont connaître également des problèmes avec parfois des migrations importantes de population à cause d'un climat ne permettant plus à ces populations de produire de la nourriture, d'un assèchement des ressources en eau ou plus simplement d'une température invivable à la saison chaude.

Le constat scientifique est connu et les politiques pour atténuer le réchauffement du climat condamnent les populations les plus vulnérables. Le GIEC dans son dernier rapport avance que chaque dixième de degrés compte.